Page:Raynal - Histoire philosophique et politique des établissemens et du commerce des Européens dans les deux Indes, v8.djvu/295

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Canadiens dans l’oiſiveté, mais elle leur donna encore un penchant invincible pour tout ce qui avoit de l’éclat. Des produits qui auroient dû être conſacrés à l’amélioration des terres, furent prodigués en vaines parures. Un luxe ruineux couvroit une pauvreté réelle.

XIX. Origine de la guerre des Anglois & des François dans le Canada.

Tel étoit l’état de la colonie, lorfque le gouvernement en fut confié, en 1747, à la Galiſſonière, qui joignoit à des connoiſſances étendues un courage actif, & d’autant plus inébranlable, qu’il étoit raiſonné. Les Anglois vouloient étendre les limites de la Nouvelle-Écoſſe ou de l’Acadie, juſqu’à la rive méridionale du fleuve Saint-Laurent. Il jugea que ces prétentions étoient injuſtes, & il réſolut de les reſſerrer dans la péninſule où il croyoit que les traités même les avoient bornés. L’ambition qui les pouſſoit dans l’intérieur des terres, ſingulièrement du côté de l’Ohio ou de la Belle-Rivière, ne lui paroiſſoit pas moins outrée. Les Apalaches, à ſon avis, devoient être les limites de leurs poſſeſſions ; & il ſe promit de ne pas leur laiſſer franchir ces montagnes. Le ſucceſſeur qu’on lui donna, pendant qu’il raſſembloit les moyens de