Page:Raynal - Histoire philosophique et politique des établissemens et du commerce des Européens dans les deux Indes, v8.djvu/315

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XXII. Priſe de Québec par les Anglois. La conquête de la capitale entraîne, avec le tems, la ſoumiſſion de la colonie entière.

Telle étoit la ſituation des choſes, lorſqu’une flotte Angloiſe, où l’on comptoit trois cens voiles, & qui étoit commandée par l’amiral Saunders, ſe fit voir ſur le fleuve Saint-Laurent, à la fin de juin 1759. Par une nuit obſcure & un vent très-favorable, huit brûlots furent lancés pour la réduire en cendres. Tout eût péri infailliblement, hommes & vaiſſeaux, ſi l’opération avoit été conduite avec l’intelligence, le ſang-froid & le courage qu’elle exigeoit. Mais ceux qui s’en étoient chargés n’avoient peut-être aucune de ces qualités, ou du moins ne les réuniſſoient pas toutes. Impatiens d’aſſurer leur retour à terre, ils mirent beaucoup trop tôt le feu aux bâtimens dont ils avoient la direction. Auſſi l’aſſaillant, averti à tems du danger qui le menaçoit, vint-il à bout de s’en garantir par ſon activité & par ſon audace. Il ne lui en coûta que deux foibles navires.

Tandis que les forces navales échappoient ſi heureuſement à leur deſtruction, l’armée, qui étoit de dix mille hommes, attaquoit la pointe de Levy, en chaſſoit les troupes Françoiſes qui y étoient retranchées, y établiſſoit ſes batteries, & bombardoit,