Page:Raynal - Histoire philosophique et politique des établissemens et du commerce des Européens dans les deux Indes, v8.djvu/319

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un ſiège, au défaut d’une ſurpriſe. On n’avoit encore rien de ce qu’il falloit pour attaquer une place en règle : mais tout étoit combiné de façon à n’entamer cette entrepriſe qu’au moment où les ſecours qu’on attendoit de France ne pouvoient manquer d’arriver.

Malgré la diſette affreuſe de toutes choſes, où ſe trouvoit depuis long-tems la colonie, les préparatifs étoient déjà faits, quand la glace qui couvroit tout le fleuve, venant à ſe rompre vers le milieu de ſa largeur, y ouvrit un petit canal. On fit gliſſer les bateaux à force de bras, pour les mettre à l’eau. L’armée composée de citoyens & de ſoldats qui ne faiſoient qu’un corps, qui n’avoient qu’une âme, ſe précipita, dès le 20 avril 1760, dans ce courant du fleuve avec une ardeur inconcevable. Les Anglois la croyoient encore paiſible dans les quartiers d’hiver ; & déjà toute débarquée, elle touchoit à une garde avancée de quinze cens hommes, qu’ils avoient placée à trois lieues de Québec. Ce gros détachement alloit être taillé en pièces, ſans un de ces haſards ſinguliers qu’il n’eſt pas donné à la prudence humaine de prévoir.

Un canonnier, en voulant ſortir de ſa