Page:Raynal - Histoire philosophique et politique des établissemens et du commerce des Européens dans les deux Indes, v8.djvu/318

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ſi généreux ne fut pas ſuivi du conſeil de guerre. On s’éloigna de dix lieues. M. le chevalier de Levy, accouru de ſon poſte pour remplacer Montcalm, blâma cette démarche de foibleſſe. On en rougit ; on voulut revenir ſur ſes pas, & ramener la victoire. Il n’étoit plus tems. Québec, quoique aux trois quarts détruit, avoit capitulé dès le 17 avec trop de précipitation.

L’Europe entière crut que la priſe de cette place finiſſoit la grande querelle de l’Amérique Septentrionale. Perſonne n’imagina qu’une poignée de François, qui manquoient de tout, à qui la fortune même ſembloit interdire juſqu’à l’eſpérance, osâſſent ſonger à retarder une deſtinée inévitable. On les connoiſſoit mal. On perfectionna à la hâte des retranchemens qui avoient été commencés à dix lieues au-deſſus de Québec. On y laiſſa des troupes ſuffiſantes pour arrêter les progrès de la conquête ; & l’on alla s’occuper à Montréal des moyens d’en effacer la honte & la diſgrace.

C’eſt-là qu’il fut arrêté qu’on marcheroit dès le printems en force ſur Québec, pour le reprendre par un coup de main, ou par