Page:Raynal - Histoire philosophique et politique des établissemens et du commerce des Européens dans les deux Indes, v8.djvu/322

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

cimentèrent la conquête. Elle augmenta la maſſe des poſſeſſions Angloiſes dans le nord de l’Amérique.

XXIII. L’acquiſition du Canada a-t-elle été un bien ou un mal pour l’Angleterre.

Combien les vues de la politique ſont bornées ! Les Anglois regardoient cette acquiſition comme le dernier terme de leur grandeur. Le miniſtère François n’étoit pas plus éclairé que le conſeil Britannique. D’un côté, l’on croyoit avoir tout gagné par cette conquête ; de l’autre, on croyoit avoir tout perdu par un ſacrifice qui devoit entraîner la ruine d’un ennemi irréconciliable. Tel eſt l’enchaînement néceſſaire des événemens qui changent ſans ceſſe les intérêts des empires, qu’il eſt ſouvent arrivé, & qu’il arrivera ſouvent que les ſpéculations les plus profondes, que les combinaiſons les plus ſages en apparence, ont été trompées & le ſeront encore. On ne ſaiſit que l’avantage du moment dans la choſe où rien n’eſt ſi commun que de voir le bien naître du mal & le mal naître du bien. S’il eſt vrai des particuliers qu’ils ont long-tems ſoupiré après leur malheur ; cela l’eſt plus encore des ſouverains. On ne fait jamais entrer en calcul les caprices du ſort ſi ſujet à ſe jouer de la prudence des hommes ; & l’on a raiſon toutes

les