Page:Raynal - Histoire philosophique et politique des établissemens et du commerce des Européens dans les deux Indes, v8.djvu/33

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ſeur. Il entra dans le fleuve Saint-Laurent : mais, après avoir échangé avec les ſauvages quelques marchandiſes d’Europe contre des pelleteries, il ſe rembarqua pour la France, où l’on oublia par légèreté, une entrepriſe qu’on paroiſſoit n’avoir formée que par imitation.

Heureuſement les Normands, les Bretons, les Baſques continuèrent à faire la pêche de la morue ſur le grand banc, le long des côtes de Terre-neuve, dans tous les parages voiſins. Ces hommes intrépides, qui avoient de l’expérience, ſervirent de pilotes aux aventuriers qui, depuis 1598, tentèrent de fonder des colonies dans ces contrées déſertes. Aucun de ces premiers établiſſemens ne proſpéra ; parce qu’ils furent tous dirigés par des compagnies excluſives, qui n’avoient ni les talens qu’il falloit pour choiſir les meilleures poſitions, ni des fonds ſuffiſans pour attendre le retour de leurs avances. Un monopole remplaça rapidement un monopole ; mais en vain : c’étoit toujours avec une avidité ſans vues & ſans moyens. Tous ces différens corps ſe ruinoient l’un après l’autre,