Page:Raynal - Histoire philosophique et politique des établissemens et du commerce des Européens dans les deux Indes, v8.djvu/347

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

contrebalancer, par ſa peſanteur, toutes les autres ſubſtances, & par ſa fluidité ramener cet équilibre que le combat & le choc des autres élémens auroient pu renverſer. L’eau, par la mobilité de ſa nature & par ſa gravité tout enſemble, eſt infiniment plus propre à entretenir cette harmonie & ce balancement des parties du globe, autour de ſon centre. Que notre hémiſphère ait au Nord une maſſe de terre extrêmement large ; à nos antipodes, une maſſe d’eau toute auſſi peſante ne manquera pas d’y faire un contrepoids. Si ſous les tropiques nous avons un riche pays couvert d’hommes & d’animaux ; ſous la même latitude, l’Amérique ſera baignée d’une mer remplie de poiſſons. Tandis que les forêts d’arbres chargés des plus grands fruits, les générations des plus énormes quadrupèdes, les nations les plus nombreuſſes, les éléphans & les hommes pèſent ſur la terre, & ſemblent en abſorber toute la fécondité dans l’enceinte de la Zone Torride ; aux deux pôles, nagent les baleines avec les innombrables colonies de morues & de harengs, avec les nuages d’inſectes, avec les peuplades infinies & prodigieuſes de la