Page:Raynal - Histoire philosophique et politique des établissemens et du commerce des Européens dans les deux Indes, v8.djvu/352

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Pourquoi le continent de l’Amérique ſeroit-il à proportion beaucoup plus chaud, beaucoup plus froid que celui de l’Europe, ſi ce n’étoit l’humidité que l’océan y a laiſſée, en le quittant long-tems après que notre continent avoit été peuplé ? C’eſt la mer ſeule qui a pu empêcher que le Mexique ne fut auſſi anciennement habité que l’Aſie. Si les eaux qui baignent encore les entrailles du nouvel hémiſphère, n’en avoient pas inondé la ſurface, l’homme y auroit de bonne-heure coupé les bois, deſſéché les marais, conſolidé un ſol pâteux en le remuant & l’expoſant aux rayons du ſoleil, ouvert une iſſue aux vents, & donné des digues aux fleuves ; le climat y eût déjà changé. Mais un hémiſphère en friche & dépeuplé, ne peut annoncer qu’un monde récent ; lorſque la mer, voiſine de ſes côtes, ſerpente encore ſourdement dans ſes veines. Des ſoleils moins ardens, des pluies plus abondantes, des neiges plus profondes, des vapeurs plus épaiſſes & plus ſtagnantes, y décèlent, ou les ruines & le tombeau de la nature, ou le berceau de ſon enfance.

La différence du climat, provenue du