Page:Raynal - Histoire philosophique et politique des établissemens et du commerce des Européens dans les deux Indes, v8.djvu/353

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séjour de la mer ſur les ſortes de l’Amérique, ne pouvoit qu’influer beaucoup ſur les hommes & les animaux. De cette diverſité de cauſes, devoit naître une prodigieuſe diverſité d’effets. Auſſi voit-on dans l’ancien continent, deux tiers plus d’eſpèces d’animaux que dans le nouveau ; des animaux conſidérablement plus gros, à égalité d’eſpèces ; des monſtres plus féroces & plus ſanguinaires, à raiſon d’une plus grande multiplication des hommes ? Combien, au contraire, la nature paroît avoir négligé le Nouveau-Monde ! Les hommes y ſont moins forts, moins courageux ; ſans barbe & ſans poil ; dégradés dans tous les ſignes de la virilité ; foiblement doués de ce ſentiment vif & puiſſant, de cet amour délicieux, qui eſt la ſource de tous les amours, qui eſt le principe de tous les attachemens, qui eſt le premier inſtinct, le premier nœud de la ſociété, ſans lequel tous les autres liens factices n’ont point de reſſorts ni de durée. Les femmes, plus foibles encore, y ſont maltraitées par la nature & par les hommes. Ceux-ci peu ſenſibles au bonheur de les aimer, ne voient en elles que les inſtrumens