Page:Raynal - Histoire philosophique et politique des établissemens et du commerce des Européens dans les deux Indes, v8.djvu/362

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délicate que celle de l’homme ſauvage. Il a des vêtemens plus doux, un aſyle mieux défendu contre l’injure des ſaiſons. Mais le peuple, qui doit faire la baſe & l’objet de la police ſociale ; cette multitude d’hommes qui, dans tous les états, ſupporte les travaux pénibles & les charges de la ſociété ; le peuple vit-il heureux, ſoit dans ces empires où les ſuites de la guerre & l’imperfection de la police l’ont mis dans l’eſclavage, ſoit dans ces gouvernemens où les progrès du luxe & de la politique l’ont conduit à la ſervitude ? Les gouvernemens mitoyens laiſſent entrevoir quelques rayons de félicité dans une ombre de liberté ; mais à quel prix eſt-elle achetée cette sécurité ? Par des flots de ſang qui repouſſent quelques inſtans la tyrannie, pour la laiſſer retomber avec plus de fureur & de férocité ſur une nation tôt ou tard opprimée. Voyez comment les Caligula, les Néron, ont vengé l’expulſion des Tarquins & la mort de Céſar.

La tyrannie, dit-on, eſt l’ouvrage des peuples & non des rois. Pourquoi la ſouffre-t-on ? Pourquoi ne réclame-t-on pas avec autant de chaleur contre les entrepriſes