Page:Raynal - Histoire philosophique et politique des établissemens et du commerce des Européens dans les deux Indes, v8.djvu/370

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

barraſſés de plantes rampantes, qui en interdifoient l’approche. Des bêtes féroces rendoient ces bois encore plus inacceſſibles. On n’y rencontroit que quelques ſauvages, hériſſés du poil & de la dépouille de ces monſtres. Les humains épars ſe fuyoient, ou ne ſe cherchoient que pour ſe détruire. La terre y ſembloit inutile à l’homme, & s’occuper moins à le nourrir qu’à ſe peupler d’animaux plus dociles aux loix de la nature. Elle produiſoit tout à ſon gré, ſans aide & ſans maître ; elle entaſſoit toutes ſes productions avec une profuſion indépendante, ne voulant être belle & féconde que pour elle-même, non pour l’agrément & la commodité d’une ſeule eſpèce d’êtres. Les fleuves tantôt couloient librement au milieu des forêts, tantôt dormoient & s’étendoient tranquillement au ſein de vaſtes marais, d’où ſe répandant par diverſes iſſues, ils enchaînoient, ils enfermoient des iſles dans une multitude de bras. Le printems renaiſſoit des débris de l’automne. Les feuilles séchées & pourries au pied des arbres, leur redonnoient une nouvelle sève, qui repouſſoit des fleurs. Des troncs creusés par le tems,

ſervoient