Page:Raynal - Histoire philosophique et politique des établissemens et du commerce des Européens dans les deux Indes, v8.djvu/369

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mandez à l’homme civil s’il eſt heureux. Demandez à l’homme ſauvage s’il eſt malheureux. Si tous deux vous répondent, non, la diſpute eſt finie.

Peuples civilisés, ce parallèle eſt, ſans doute, affligeant pour vous : mais vous ne ſauriez reſſentir trop vivement les calamités ſous le poids deſquelles vous gémiſſez. Plus cette ſenſation vous ſera douloureuſe, & plus elle ſera propre à vous rendre attentifs aux véritables cauſes de vos maux. Peut-être enfin parviendrez-vous à vous convaincre qu’ils ont leur ſource dans le dérèglement de vos opinions, dans les vices de vos conſtitutions politiques, dans les loix bizarres, par leſquelles celles de la nature ſont ſans ceſſe outragées.

De l’état moral des Américains, reportons nos regards vers le phyſique de leur pays. Voyons ce qu’il étoit avant l’arrivée des Anglois, & ce qu’il eſt devenu ſous leurs mains.

V. En quel état les Anglois trouvèrent l’Amérique Septentrionale, & ce qu’ils y ont fait.

Les premiers Européens qui allèrent former les colonies Angloiſes, trouvèrent d’immenſes forêts. Les gros arbres que la terre y avoit pouſſés juſqu’aux nues, y étoient em-