Page:Raynal - Histoire philosophique et politique des établissemens et du commerce des Européens dans les deux Indes, v8.djvu/383

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qu’un François n’ait beſoin que de quitter la ſienne pour l’aimer.

Ces deux hommes, inquiets & audacieux, partirent en 1682 de Québec, ſur deux bâtimens mal équipés. À leur arrivée, ne ſe trouvant pas aſſez puiſſans pour attaquer l’ennemi, ils ſe contentèrent d’élever un fort au voiſinage de celui qu’ils s’étoient flattés d’emporter. Alors on vit naître entre deux compagnies, l’une établie en Canada, l’autre en Angleterre, pour le commerce excluſif de la baie, une rivalité qui devoit toujours croître, dans les combats, de cette funeſte jalouſie. Leurs comptoirs réciproques furent pris & repris. Ces misérables hoſtilités n’auroient pas diſcontinué, ſans doute, ſi les droits, juſqu’alors partagés, n’avoient pas été réunis en faveur de la Grande-Bretagne par la paix d’Utrecht.

La baie d’Hudſon n’eſt, à proprement parler, qu’un entrepôt de commerce. La rigueur du climat y a fait périr tous les grains ſemés à pluſieurs repriſes ; y a interdit aux Européens tout eſpoir de culture, & par conséquent de population. On ne trouve ſur ces immenſes côtes que quatre-vingt-dix