Page:Raynal - Histoire philosophique et politique des établissemens et du commerce des Européens dans les deux Indes, v8.djvu/400

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Le code civil de la Grande-Bretagne ne cauſa pas la même ſatiſfaction. Ces ſtatuts ſont compliqués, obſcurs & multipliés ; ils ſont écrits dans une langue, qui alors n’étoit pas familière au peuple conquis. Indépendamment de ces conſidérations, les Canadiens avoient vécu cent cinquante ans ſous un autre régime. Ils y tenoient par la naiſſance, par l’éducation, par l’habitude, & peut-être auſſi par un certain orgueil national. Pouvoient-ils n’avoir pas un chagrin extrême de voir changer la règle de leurs devoirs, la baſe de leur fortune ? Si le mécontentement ne fut pas porté juſqu’à troubler l’ordre public : c’eſt que les habitans de cette région n’avoient pas encore perdu cet eſprit d’obéiſſance aveugle qui avoit ſi long-tems dirigé toutes leurs actions : c’eſt que les adminiſtrateurs & les magiſtrats qu’on leur avoit donnés, s’écartèrent conſtamment de leurs inſtructions, pour ſe rapprocher, autant qu’il étoit poſſible, des coutumes & des maximes qu’ils trouvoient établies.

Cet ordre de choſes ne pouvoit pas durer. Le parlement le ſentit. Il régla qu’au premier mai 1775, le Canada recouvreroit