Page:Raynal - Histoire philosophique et politique des établissemens et du commerce des Européens dans les deux Indes, v8.djvu/41

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Indépendamment de ces réflexions qui pouvoient bien ne s’être pas préſentées aux ſauvages du Canada d’une manière ſi développée, la nature des choſes ſuffiſoit ſeule pour arrêter leur population. Quoiqu’ils habitâſſent des contrées abondantes en gibier & en poiſſon, il y avoit des ſaiſons, & quelquefois des années où cette unique reſſource leur manquoit : la famine faiſoit alors d’horribles ravages chez des nations trop éloignées les unes des autres pour ſe donner des ſecours. Leurs guerres ou leurs hoſtilités paſſagères, mais causées par des haines éternelles, étoient très-deſtructives. Des chaſſeurs continuellement exercés à pourſuivre leur nourriture qui fuyoit devant eux, à déchirer l’animal qu’ils avoient ſurpris à la courſe ; des hommes dont l’oreille étoit familiarisée aux cris de la mort, & la vue à l’effuſion du ſang, devoient dans les combats, ſe montrer plus impitoyables encore, s’il eſt poſſible, que ne le ſont nos peuples frugivores. Enfin malgré les éloges qu’on donne à l’éducation la plus dure, & qui séduiſirent Pierre-le-Grand, au point qu’il ordonna de ne laiſſer boire que de l’eau de