Page:Raynal - Histoire philosophique et politique des établissemens et du commerce des Européens dans les deux Indes, v8.djvu/42

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la mer aux enfans de ſes matelots, étrange épreuve qui leur coûta la vie à tous ; il eſt certain qu’un grand nombre de jeunes ſauvages périſſoient par la faim, par la ſoif, par le froid & par les fatigues. Ceux même dont le tempérament étoit aſſez vigoureux pour réſiſter aux exercices communs dans ces climats, pour traverſer les plus grandes rivières à la nage, pour faire des chaſſes de deux cens lieues, pour ſe défendre du ſommeil durant pluſieurs jours, pour ſe paſſer long-tems de nourriture : ces hommes en étoient moins propres à la génération, & ſentoient tarir en eux les germes de la vie. Peu parvenoient à la carrière que l’on fournit dans nos ſociétés, où les habitudes ſont plus uniformes & plus tranquilles.

L’auſtérité de l’éducation Spartiate, la pratique des rudes travaux, & l’uſage des nourritures groſſières, ont fait une illuſion dangereuſe. Les philoſophes séduits par le ſentiment des maux de l’humanité, ont voulu conſoler les malheureux que la fortune avoit condamnés à ce genre de vie, en leur perſuadant que c’étoit le plus ſain & le meilleur. Les gens riches n’ont pas manqué d’a-