Page:Raynal - Histoire philosophique et politique des établissemens et du commerce des Européens dans les deux Indes, v8.djvu/415

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Entre tous les établiſſemens dont les Européens ont couvert le Nouveau-Monde, il ne s’en trouve point de la nature de celui de Terre-Neuve. Les autres ont généralement ſervi de tombeau aux premiers colons qu’ils ont reçus & à un grand nombre de ceux qui les ont ſuivis : lui ſeul n’a pas dévorer un ſeul homme ; il a même rendu des forces à pluſieurs de ceux que des climats moins ſains avoient épuisés. Les autres ont été un théâtre à jamais odieux d’injuſtices, d’oppreſſion, de carnage : lui ſeul n’a point offensé l’humanité, n’a bleſſé les droits d’aucun peuple. Les autres n’ont donné des productions qu’en recevant en échange des valeurs égales : lui ſeul a tiré du ſein des eaux une richeſſe formée par la nature ſeule & qui ſert d’aliment à diverſes contrées de l’un & l’autre hémiſphère.

Combien il ſe paſſa de tems avant qu’on fît ce parallèle ! Qu’étoit-ce aux yeux des peuples que du poiſſon en comparaiſon de l’argent qu’on alloit chercher dans le Nouveau-Monde ? Ce n’eſt que tard qu’on a compris, ſi même on le comprend bien encore, que la repréſentation de la choſe ne vaut pas