Page:Raynal - Histoire philosophique et politique des établissemens et du commerce des Européens dans les deux Indes, v8.djvu/417

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qui ne permit jamais aux colons d’arriver au degré d’aiſance néceſſaire pour pouſſer leurs travaux avec ſuccès, devoit empêcher auſſi qu’ils ne ſe multipliâſſent. La pêche Françoiſe ne put donc atteindre le niveau de la pêche Angloiſe.

Cependant la Grande-Bretagne n’oublia pas, à Utrecht, que ces voiſins entreprenans, ſoutenus des Canadiens, accoutumés à la chaſſe & aux coups de main, avoient porté, durant les deux dernières guerres, la déſolation dans ſes divers établiſſemens. C’en étoit aſſez pour lui faire demander la poſſeſſion entière de Terre-Neuve ; & les malheurs de la France épuisée, déterminèrent à ce ſacrifice. Cette puiſſance ſe réſerva pourtant le droit de pêcher dans une partie de l’iſle, & même ſur tout le grand banc qui en étoit une dépendance.

XIII. C’eſt la morue ſeule qui rend Terre-Neuve intéreſſante. État actuel de cette pèche, divisée en pêche errante & en pêche sédentaire.

Le poiſſon, qui rend ces parages ſi célèbres, c’eſt la morue. Jamais il n’a plus de trois pieds, & communément il en a beaucoup moins. L’océan n’en nourrit aucun, dont la gueule ſoit plus large à proportion de la grandeur, ni qui ſoit auſſi vorace. On trouve dans ſon corps juſqu’à des pots caſſés, du fer &