Page:Raynal - Histoire philosophique et politique des établissemens et du commerce des Européens dans les deux Indes, v8.djvu/418

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

& du verre. Son eſtomac ne digère pas ces matières, comme on l’a cru long-tems : il ſe retourne, & ſe décharge ainſi de tout ce qui l’incommode. Si l’eſtomac de ce poiſſon n’avoit pu ſe retourner, il auroit été moins vorace. C’eſt ſon organiſation qui le rend inadvertant ſur les ſubſtances dont il ſe nourrit. La conformation des organes eſt le principe des appétits dans toutes les ſubſtances vivantes des trois règnes de la nature.

La morue ſe montre dans les mers du Nord de l’Europe. Elle y eſt pêchée par trente bâtimens Anglois, ſoixante François, & cent cinquante Hollandois ; les uns & les autres de quatre-vingts ou cent tonneaux. Ils ont pour concurrens les Iſlandois, & ſurtout les Norwégiens. Ces derniers s’occupent, avant la ſaiſon de la pêche, à ramaſſer ſur la côte des œufs de morue, appât néceſſaire pour prendre la ſardine. Ils en vendent, année commune, vingt à vingt-deux mille tonnes, à neuf livres la tonne. Si l’on en avoit le débit, on en prendroit bien davantage ; puiſqu’un phyſicien habile, qui a eu la patience de compter les œufs d’une morue, en a trouvé neuf millions trois cens quarante-quatre mille.

Cette