Page:Raynal - Histoire philosophique et politique des établissemens et du commerce des Européens dans les deux Indes, v8.djvu/425

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tinens ; qui ſubmerge les contrées ; qui chaſſe devant lui les animaux, les hommes, & qui envahira tôt ou tard leurs demeures, s’apaiſera dans ſa fureur, ſi vous paſſez & repaſſez, à ſa ſurface, une plume imbibée d’huile. Qui ſait quelles peuvent être les ſuites de cette découverte ; ſi l’on peut appeler de ce nom une connoiſſance qui ne peut être diſputée à Ariſtote & à Pline ? Si une plume trempée dans l’huile aplanit les flots, que ne produiront point de longues ailes, ſans ceſſe humectées du même fluide & artiſtement adaptées à nos vaiſſeaux ?

Cette idée n’échappera pas au ridicule de nos eſprits ſuperficiels : mais eſt-ce pour eux qu’on écrit ? Nous mépriſons trop les opinions populaires. Nous prononçons avec trop de précipitation ſur la poſſibilité ou l’impoſſibilité des choſes. Nous avons paſſé d’un extrémité à l’autre dans notre jugement de Pline le naturaliſe. Nos ancêtres ont trop accordé à Ariſtote ; nous lui avons, nous, plus refusé peut-être qu’il ne convenoit à des hommes, dont le plus inſtruit n’en ſavoit pas aſſez, ſoit pour approuver, ſoit pour contredire ſon livre des animaux. Ce dédain, je le par-