Page:Raynal - Histoire philosophique et politique des établissemens et du commerce des Européens dans les deux Indes, v8.djvu/426

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donnerois peut-être à un Buffon, à un Daubenton, à un Linné : mais il m’indigne toujours dans celui qui ſortant de ſa véritable ſphère, fuyant la gloire qui vient à lui pour courir après celle qui le fuit, ſe haſardera de prononcer ſur le mérite de ces hommes de génie, avec une intrépidité qui révolteroit, quand même elle ſeroit appuyée ſur les titres les plus éclatans & les moins conteſtés.

Dans le droit naturel, la pêche du grand banc auroit dû être libre à tous les peuples. Cependant les deux puiſſances, qui avoient formé des colonies dans le nord de l’Amérique, étoient parvenues aſſez facilement à ſe l’approprier. L’Eſpagne, qui ſeule y formoit quelques prétentions, & qui, par la multitude de ſes moines, ſembloit y avoir des droits fondés ſur leur beſoin, les abandonna dans la dernière paix. Il n’y a que les Anglois & les François, qui fréquentent ces parages.

En 1773, la France y envoya cent vingt-cinq navires, qui formoient neuf mille trois cens ſoixante-quinze tonneaux & qui étoient montés par ſeize cens quatre-vingt-quatre hommes. On prit deux millions cent quarante-un milliers de morues, qui rendirent cent