Page:Raynal - Histoire philosophique et politique des établissemens et du commerce des Européens dans les deux Indes, v8.djvu/429

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cruelle de toutes les ſoifs, la faim & la ſoif de l’or percent toutes les barrières, traverſent ces montagnes de glace, & l’on arrive enfin à cette iſle où tous les vaiſſeaux doivent ſe charger de poiſſon.

Après le débarquement, il faut couper du bois, élever ou réparer des échafauds. Ces travaux occupent tout le monde. Lorſqu’ils ſont finis, on ſe partage. La moitié des équipages reſte à terre, pour donner à la morue les façons dont elle a beſoin. L’autre moitié s’embarque ſur des bateaux. Pour la pêche du caplan, il y a quatre hommes par bateau ; & trois pour la pêche de la morue.

Ceux-ci, qui ſont le plus grand nombre, partent dès l’aurore, s’éloignent juſqu’à trois, quatre ou cinq lieues des côtes, & reviennent dans la nuit jeter ſur leurs échafauds, dreſſés au bord de la mer, le fruit du travail de toute la journée.

Le décoleur, après avoir coupé la tête à la morue, lui vuide le corps, & la livre à l’habilleur, qui la tranche & la met dans le ſol, où elle reſte huit ou dix jours. Après qu’elle a été lavée, elle eſt étendue ſur du gravier, où on la laiſſe juſqu’à ce qu’elle ſoit