Page:Raynal - Histoire philosophique et politique des établissemens et du commerce des Européens dans les deux Indes, v8.djvu/430

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

bien séchée. On l’entaſſe enſuite en piles, où elle ſue quelques jours. Elle eſt encore remiſe ſur la grève, où elle achève de sécher, & prend la couleur qu’on lui voit en Europe.

Il n’y a point de fatigues comparables à celles de ce travail. À peine laiſſe-t-il quatre heures de repos chaque nuit. Heureuſement, la ſalubrité du climat ſoutient la ſanté contre de ſi fortes épreuves. On compteroit pour rien ſes peines, ſi elles étoient mieux récompensées par le produit.

Mais il eſt des havres où les grèves, trop éloignées de la mer, font perdre beaucoup de tems. Il en eſt dont le fond de roc vif & ſans varec, n’attire pas le poiſſon. Il en eſt où il jaunit par les eaux douces qui s’y déchargent ; & d’autres où il eſt brûlé de la réverbération du ſoleil, réfléchi par les montagnes.

Les havres, même les plus favorables, ne donnent pas l’aſſurance d’une bonne pêche, La morue ne peut abonder également dans tous. Elle ſe porte tantôt au Nord, tantôt an Sud, & quelquefois au milieu de la côte ; attirée ou pouſſée par la direction du caplan ou des vents. Malheur aux pêcheurs qui ſe trouvent fixés loin des lieux qu’elle préfère.