Page:Raynal - Histoire philosophique et politique des établissemens et du commerce des Européens dans les deux Indes, v8.djvu/449

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reſtitution. Les événemens de la guerre, pour la ſucceſſion d’Eſpagne, amenèrent ce moment déciſif ; & la cour de Verſailles ſe vit à jamais dépouillée d’une poſſeſſion, dont elle n’avoit point ſoupçonné l’importance.

XV. La France eſt forcée de céder la Nouvelle-Écoſſe à l’Angleterre

La chaleur, que les Anglois avoient montrée à s’emparer de ce territoire, ne ſe ſoutint pas dans les ſoins qu’on prit de le garder ou de le faire valoir. Après avoir légèrement fortifié Port-Royal, qui prit le nom d’Annapolis, en l’honneur de la reine Anne, on ſe contenta d’y envoyer une garniſon médiocre. L’indifférence du gouvernement paſſa dans la nation ; ce qui n’eſt pas ordinaire aux pays où règne la liberté. Il ne ſe tranſporta que cinq ou ſix familles Angloiſes dans l’Acadie. Elle reſta toujours habitée par ſes premiers colons. On ne réuſſit même à les y retenir, qu’en leur promettant de ne les jamais forcer à prendre les armes contre leur ancienne patrie. Tel étoit l’amour que l’honneur & la gloire de la France inſpiroient alors à tous ſes enfans. Chéris de leur gouvernement, honorés des nations étrangères, attachés à leur roi par une ſuite de proſpérités qui les avoit illuſtrés & agrandis ; ils avoient ce