Page:Raynal - Histoire philosophique et politique des établissemens et du commerce des Européens dans les deux Indes, v8.djvu/450

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patriotiſme qui naît des ſuccès. Il étoit beau de porter le nom François, il eût été trop affligeant de le quitter. Auſſi, les Acadiens, qui avoient juré, en ſubiſſant un nouveau joug, de ne jamais combattre contre leurs premiers drapeaux, furent-ils appelés les François neutres.

Quelle puiſſante exhortation que cet exemple d’attachement & mille autres qui l’ont précédé, qui l’ont ſuivi, au monarque de la France de travailler ſans ceſſe au bonheur d’une pareille nation ; d’une nation ſi douce, ſi fière & ſi généreuſe. Un forfait fut quelquefois le crime d’un individu ou d’une ſociété particulière, mais jamais il ne fut celui des ſujets. Ce ſont les François qui ſavent ſouffrir avec une patience infinie les plus longues, les plus cruelles vexations, & montrent les plus ſincères, les plus éclatans tranſports de la reconnoiſſance, au moindre ſigne de la clémence de leur ſouverain. Ils l’aiment, ils le chériſſent ; il ne tient qu’à lui d’en être adoré. Le ſouverain qu’ils mépriſeroient ſeroit le plus mépriſable des hommes ; le ſouverain qu’ils haïroient ſeroit le plus méchant des ſouverains. Malgré tous les efforts que l’on

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