Page:Raynal - Histoire philosophique et politique des établissemens et du commerce des Européens dans les deux Indes, v8.djvu/45

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ou l’action du corps, l’inflexion de la voix ſuppléoient ou achevoient ce qui manquoit à la parole. Les métaphores étoient plus hardies, plus familières dans leur converſation, qu’elles ne le ſont dans la poéſie même épique des langues de l’Europe. Leurs harangues dans les aſſemblées publiques, étoient ſur-tout remplies d’images, d’énergie & de mouvement. Jamais peut-être aucun orateur Grec ou Romain, ne parla avec autant de force & de ſublimité qu’un chef de ces ſauvages. On vouloit les éloigner de leur patrie : Nous ſommes, répondit-il, nés ſur cette terre ; nos pères y ſont enſevelis. Dirons-nous aux oſſemens de nos pères, levez-vous, & venez avec nous dans une terre étrangère ?

Il eſt aifé de penſer que de pareilles nations ne pouvoient pas être auſſi douces, auſſi foibles que celles du midi de l’Amérique. On éprouva qu’elles avoient cette activité, cette énergie qu’on trouve chez les peuples du Nord, à moins qu’ils ne ſoient, comme les Lapons, d’une eſpèce fort différente de la nôtre. Elles n’étoient guère parvenues qu’à ce degré de lumière & de police où