Page:Raynal - Histoire philosophique et politique des établissemens et du commerce des Européens dans les deux Indes, v8.djvu/46

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l’inſtinct ſeul peut conduire les hommes dans un petit nombre d’années : & c’eſt chez ces peuples que les philoſophes peuvent étudier l’homme de la nature.

Ils étoient divisés en pluſieurs petites nations, dont le gouvernement étoit à-peu-près le même. Quelques-unes reconnoiſſoient des chefs héréditaires ; d’autres s’en donnoient d’électifs ; la plupart n’étoient dirigés que par leurs vieillards. C’étoient de ſimples aſſociations fortuites & toujours libres, unies ſans aucun lien. La volonté générale n’y aſſujettiſſoit pas même la volonté particulière. Les déciſions étoient de ſimples conſeils, qui n’obligoient perſonne, ſous la moindre peine. Si, dans une de ces ſingulières républiques, on ordonnoit la mort d’un homme, c’étoit plutôt une eſpèce de guerre contre un ennemi commun, qu’un acte judiciaire exercé ſur un ſujet ou un citoyen. Au défaut du pouvoir coërcitif, les mœurs, l’exemple, l’éducation, le reſpect pour les anciens, l’amour des parens, maintenoient en paix ces ſociétés ſans loix comme ſans biens. La raiſon qui n’avoit pas été y comme parmi nous, dénaturée par