Page:Raynal - Histoire philosophique et politique des établissemens et du commerce des Européens dans les deux Indes, v8.djvu/451

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a faits, pendant des ſiècles, pour éteindre dans nos âmes le ſentiment patriotique, il n’exiſte peut-être chez aucune nation plus vif & plus énergique. J’en atteſte notre allégreſſe dans les événemens glorieux qui ne ſoulageront point notre misère. Que ne ferions-nous point, ſi la félicité publique devoit ſuccéder à la gloire de nos armes ?

Il y avoit douze à treize cens Acadiens dans la capitale ; les autres étoient répandus dans les campagnes. On ne leur donna point de magiſtrat pour les conduire. Ils ne connurent pas les loix Angloiſes. Jamais il ne leur fut demandé ni cens, ni tribut, ni corvée. Leur nouveau ſouverain paroiſſoit les avoir oubliés, & lui-même, il leur étoit tout-à-fait étranger.

XVI. Mœurs des François qui, dans la Nouvelle-Écoſſe, reſtent ſoumis au gouvernement d’Angleterre.

La chaſſe qui avoit fait anciennement les délices de la colonie, & qui pouvoit encore la nourrir, ne touchoit plus un peuple ſimple & bon, qui n’aimoit point le ſang. L’agriculture étoit ſon occupation. On l’avoit établie dans des terres baſſes, en repouſſant, à force de digues, la mer & les rivières dont ces plaines étoient couvertes. On retira de ces marais cinquante pour un dans les premiers