Page:Raynal - Histoire philosophique et politique des établissemens et du commerce des Européens dans les deux Indes, v8.djvu/454

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de l’égliſe, on leur donnoit volontairement la vingt-ſeptième partie des récoltes.

Elles étoient aſſez abondantes pour laiſſer plus de facultés que d’exercice à la généroſité. On ne connoiſſoit pas la misère, & la bienfaiſance prévenoit la mendicité. Les malheurs étoient, pour ainſi dire, réparés avant d’être ſentis. Les ſecours étoient offerts ſans oſtentation d’une part ; ils étoient acceptés ſans humiliation de l’autre. C’étoit une ſociété de frères, également prêts à donner ou à recevoir ce qu’ils croyoient commun à tous les hommes.

Cette précieuſe harmonie écartoit juſqu’à ces liaiſons de galanterie qui troublent ſi ſouvent la paix des familles. On ne vit jamais dans cette ſociété de commerce illicite entre les deux ſexes. C’eſt que perſonne n’y languiſſoit dans le célibat. Dès qu’un jeune homme avoit atteint l’âge convenable au mariage, on lui bâtiſſoit une maiſon, on défrichoit, on enſemençoit des terres autour de ſa demeure ; on y mettoit les vivres dont il avoit beſoin pour une année. Il y recevoit la compagne qu’il avoit choiſie, & qui lui apportoit en dot des troupeaux. Cette nou-