Page:Raynal - Histoire philosophique et politique des établissemens et du commerce des Européens dans les deux Indes, v8.djvu/459

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Tel eſt le fruit des jalouſies nationales, de cette cupidité des gouvernemens qui dévore les terres & les hommes. On compte pour une perte tout ce que gagne un voiſin, pour un gain tout ce qu’on lui fait perdre. Quand on ne peut prendre une place, on l’affame pour en faire mourir les habitans. Si l’on ne peut la garder, on la met en cendres, on la raſe. Plutôt que de ſe rendre, on fait fauter un vaiſſeau, une fortification par le jeu des poudres & des mines. Le gouvernement deſpotique met de grands déſerts entre ſes ennemis & ſes eſclaves, pour empêcher l’irruption des uns & l’émigration des autres. L’Eſpagne a mieux aimé ſe dépeupler elle-même, & faire de l’Amérique un cimetière, que d’en partager les richeſſes avec les Européens. Les Hollandois ont commis tous les crimes ſociété & publics, pour dérober aux autres nations commerçantes la culture des épiceries : ſouvent ils en ont jeté des cargaiſons entières dans la mer, plutôt que de les vendre à bas prix. Les François ont livré la Louyſiane aux Eſpagnols, de peur qu’elle ne tombât aux mains des Anglois. L’Angleterre fit périr les François neutres de l’A-