Page:Raynal - Histoire philosophique et politique des établissemens et du commerce des Européens dans les deux Indes, v8.djvu/460

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

cadie, pour qu’ils ne retournoient pas à la France. Et l’on dit enſuite que la police & la ſociété ſont faites pour le bonheur de l’homme ! Oui, de l’homme puiffant ; oui, de l’homme méchant.

XVII. État actuel de la Nouvelle-Écoſſe.

Depuis l’émigration d’un peuple qui devoit ſon bonheur & fes vertus à ſon obfcurité, la Nouvelle-Écoſſe ne fit que languir. L’envie, qui avoit dépeuplé cette terre, ſembla l’avoir flétrie. Du moins la peine de l’injuſtice retomboit-elle ſur les auteurs de l’injuſtice. Les calamités ſi multipliées en Europe, y pouſſèrent à la fin quelques malheureux. On en comptoit vingt-ſix mille en 1769. La plupart étoient diſperfés. On ne les voyoit réunis en quelque nombre, qu’à Hallifax, à Annapolis & à Lunebourg. Cette dernière peuplade, formée par des Allemands, étoit la plus floriſſante. Elle devoit ſes progrès à cet amour du travail, à cette économie bien ordonnée, caractères diſtinctifs d’une nation ſage & belliqueufe, qui, contente de défendre ſon pays, n’en ſort guère que pour aller cultiver des contrées qu’elle n’eſt point jalouſe de conquérir.

Cette année, la colonie expédia quatorze