Page:Raynal - Histoire philosophique et politique des établissemens et du commerce des Européens dans les deux Indes, v8.djvu/469

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ment défendit, ſous peine de mort, aux puritains, le culte des images, comme autrefois Moïſe avoit défendu aux Hébreux le culte des dieux étrangers ; que la même punition étoit décernée contre les prêtres catholiques qui reviendroient dans la colonie après en avoir été bannis.

Toute l’Europe fut étonnée d’une intolérance ſi révoltante. Mais chaque ſecte chrétienne n’a-t-elle pas toujours borné le nom d’injuſtice, de violence & de persécution aux rigueurs dont elle étoit la victime ? Na-t-elle pas mis au nombre de ſes dogmes ou de ſes préjugés, que la punition, l’exil, le ſupplice de ceux qu’elle appeloit impies, étoit un hommage à la vengeance céleſte, un droit des élus de Dieu contre ſes ennemis ? Cette rage a été bien plus active contre des partiſans dont on ſe voyoit abandonné. Dans les familles religieuſes comme dans les autres, la haine fraternelle eſt la plus ſanglante de toutes. Les apoſtats ſont les premiers dévoués à l’exécration, à l’anathème des dévots.

Tel eſt l’indélébile & funeſte caractère des malheurs engendrés par la ſuperſtition, qu’ils ne ceſſent jamais que pour ſe renouveler.