Page:Raynal - Histoire philosophique et politique des établissemens et du commerce des Européens dans les deux Indes, v8.djvu/481

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par le culte ſacrilège & parricide des Européens.

La poſtérité ne ſaura jamais, ſans doute, quelle fut l’origine, quel fut le remède de cette épidémie. Elle avoit peut-être ſa ſource dans la mélancolie que des enthouſiaſtes persécutés avoient apportée de leur pays ; qui s’étoit nourrie avec le ſcorbut qu’ils avoient pris ſur mer ; qui s’étoit fortifiée par les vapeurs & les exhalaiſons d’une terre nouvellement défrichée, par les incommodités & les peines inséparables d’un changement de climat & de genre de vie. Cette contagion ceſſa, comme tous les maux épidémiques, par la communication même qui l’épuiſa ; comme tous les maux de l’imagination, qui s’évaporent par les tranſports du délire. Le calme vint après la fièvre ardente, & ce ſombre accès d’enthouſiaſme ne reprit plus aux Puritains de la Nouvelle-Angleterre.

En renonçant à l’eſprit de persécution qui a marqué de ſang toutes les ſectes, les habitans de cette colonie conſervèrent encore de trop fortes teintes du fanatiſme & de la férocité qui avoient ſignalé les triſtes jours de ſa naiſſance.