Page:Raynal - Histoire philosophique et politique des établissemens et du commerce des Européens dans les deux Indes, v8.djvu/56

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plus bien vivre enſemble, ma femme & moi. Mon voiſin n’étoit pas mieux avec la ſienne. Nous avons changé de femme, & nous ſommes tous contens.

Un écrivain illuſtre, & qu’il faut encore admirer quand on n’eſt pas de ſon avis, penſe que l’amour n’eſt point, chez les Américains, un principe d’induſtrie, de génie & de mœurs, comme il l’eſt en Europe ; parce que les Américains, dit-il, ont un ſixième ſens plus foible qu’il ne l’eſt chez les Européens. On prétend que ces ſauvages ne connoiſſent ni les tourmens, ni les délices de la plus ardente des paſſions. L’air & la terre, dont l’humidité contribue ſi fort à la végétation, leur donnent peu de chaleur pour la génération. La même sève qui couvre les campagnes de forêts & les arbres de feuilles, y fait croître chez les hommes, comme chez les femmes, de longues chevelures, liſſes, épaiſſes, fortes & tenaces. Des hommes qui n’ont guère plus de barbe que les eunuques, ne doivent pas abonder en germes reproductifs. Le ſang de ces peuples eſt aqueux & froid. Les mâles y ont quelquefois du lait aux mamelles. De-là ce pen-