Page:Raynal - Histoire philosophique et politique des établissemens et du commerce des Européens dans les deux Indes, v8.djvu/57

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

chant tardif pour les femmes ; cette averſion qui les en éloigne dans le flux menſtruel, & dans les tems de groſſeſſe ; cette ardeur foible & paſſagère, qui ne ſe réveille que dans certaines ſaiſons de l’année. De-là cette vivacité d’imagination qui les rend ſuperſtitieux, peureux dans les ténèbres comme des enfans, auſſi portés à la vengeance que des femmes, poëtes & figurés dans leurs diſcours ; ſenſibles, en un mot, mais peu paſſionnés. Enfin, de-là venoit ſans doute en partie ce défaut de population, qu’on a toujours remarqué chez eux. Ils ont peu d’enfans, parce qu’ils n’aiment pas aſſez les femmes : & c’eſt un vice national, que les vieillards ne ceſſoient de reprocher aux jeunes gens.

Mais ne pouroit-on pas dire que la paſſion pour les femmes, languit moins par le tempérament des ſauvages, que par leur caractère moral ? Les plaiſirs de l’amour y ſont trop faciles, pour y exciter puiſſamment les déſirs. Parmi nous, en effet, eſt-ce dans les ſiècles où le luxe favoriſe l’incontinence, qu’on voit les hommes aimer le plus les femmes, & les femmes porter le