Page:Raynal - Histoire philosophique et politique des établissemens et du commerce des Européens dans les deux Indes, v8.djvu/61

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ractère. On évite même d’employer des raiſons trop fortes pour les perſuader ; parce que ce ſeroit une eſpèce de violence qu’on feroit à leur volonté. Comme on ne leur apprend que ce qu’ils doivent ſavoir, ils ſont les enfans les plus heureux de la terre. S’ils viennent à mourir, les parens les pleurent amèrement. On voit quelquefois deux époux aller, après ſix mois, verſer des larmes ſur le tombeau d’un enfant, & la mère y faire couler du lait de ſes mamelles.

Des liens plus durables encore chez les ſauvages, ce ſont ceux de l’amitié. L’amitié n’eſt pas précisément un devoir, puiſqu’on ne peut pas la commander : mais c’eſt une union plus agréable, plus tendre & même plus forte que celles qui ſont formées par la nature ou par les inſtitutions ſociales. Tous ceux que ce ſentiment délicieux a rapprochés s’accordent réciproquement des conſeils dans les conjonctures difficiles, des conſolations dans les malheurs, de l’appui dans les démarches, des ſecours dans l’infortune. Loin de chercher à diminuer les obligations de cette vertu, l’imagination ſe plaît à les exagérer. On veut qu’elle ne