Page:Raynal - Histoire philosophique et politique des établissemens et du commerce des Européens dans les deux Indes, v8.djvu/71

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femmes, inutiles au monde, rêvent pour la sûreté de l’état, comme parmi nous les indolens prieur & chantent. Quelques vieillards imbéciles rêvent avec elles, pour les affaires publiques où ils n’ont point d’influence. Des jeunes gens inhabiles à la chaſſe, à la guerre, à la fatigue rêvent auſſi, pour avoir part à l’adminiſtration de la peuplade. Vainement on a travaillé durant deux ſiècles à diſſiper des illuſions ſi profondément enracinées. Vous autres Chrétiens, ont conſtamment répondu les ſauvages, vous vous moquez de la foi que nous accordons aux ſonges, & vous exigez que nous croyons des choſes infiniment moins vraiſemblables. On voit ainſi toujours chez ces nations le germe du ſacerdoce & des plus grands maux.

Sans ces affections mélancoliques & ces rêves, il n’y auroit rien de ſi rare que les querelles entre les particuliers. Des Européens qui ont vécu long-tems dans ces contrées, aſſurent qu’ils n’ont jamais vu un ſauvage en colère. Sans la ſuperſtition, il n’y auroit rien de ſi rare que les querelles de nation à nation.

Les querelles des particuliers ſont ordi-