Page:Raynal - Histoire philosophique et politique des établissemens et du commerce des Européens dans les deux Indes, v8.djvu/72

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nairement apaisées par le corps de l’état. La conſidération que la nation témoigne à l’offensé, calme ſon amour-propre, & diſpoſe ſon âme à la paix. Il eſt plus difficile d’éviter les démêlés & de pacifier les hoſtilités entre deux peuples.

La chaſſe eſt un germe de guerre. Dès que deux troupes, séparées par des forêts de cent lieues, viennent à ſe rencontrer dans leurs courſes, à s’intercepter le gibier, elles ne tardent pas à tourner contre elles-mêmes les flèches qu’elles réſervoient aux ours. Dès-lors une légère eſcarmouche eſt la ſemence d’une diſcorde éternelle. Le parti vaincu jure aux vainqueurs une vengeance implacable, une haine nationale qui vivra dans leur ſang & renaîtra de leurs cendres. Cependant ces querelles s’éteignent quelquefois dans les bleſſures des deux bandes, quand, de part & d’autre, ce n’eſt qu’une jeuneſſe bouillante qui, dans l’impatience de ſon âge, eſt allée au loin faire l’eſſai de ſes premières armes. Mais la rage des peuples entiers ne s’allume pas légèrement.

Quand il y a ſujet de guerre, ce n’eſt pas un homme qui en juge, qui la décide