Page:Raynal - Histoire philosophique et politique des établissemens et du commerce des Européens dans les deux Indes, v8.djvu/73

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& la déclare. La nation s’aſſemble, & le chef parle. Il expoſe les griefs & les injures. On pèſe, on balance les dangers & les ſuites d’une rupture. Les orateurs vont droit à leur but, ſans s’arrêter, ſans s’écarter, ſans prendre le change. Les intérêts ſont diſcutés avec une force de raiſon & d’éloquence, qui naît de l’évidence & de la ſimplicité des objets ; avec une impartialité même, dont la chaleur des paſſions laiſſe encore les eſprits plus ſuſceptibles, que ne fait parmi nous la complication des idées. Si la guerre eſt décidée à l’unanimité des voix, à l’acclamation univerſelle, les alliés y ſont invités. Rarement ils s’y refuſent, parce qu’ils ont toujours quelque injure à venger, des morts à remplacer par des priſonniers.

Enſuite on s’occupe à choiſir un chef. Lorſqu’un certain nombre d’hommes ſe réuniſſent pour exécuter une entrepriſe d’un intérêt commun, il faut que quelqu’un d’entre eux ſoit chargé de diriger les mouvemens de la multitude dont il faut qu’il ſoit l’âme commune, l’âme qui commande auſſi impérieuſement à tous, qu’aux membres du corps qu’elle habite, & qu’elle en ſoit auſſi promp-