niſſant de quoi boire & de quoi fumer au milieu des ſupplices. Quel mélange de vertus & de férocité ! Tout eſt grand chez ces peuples qui ne ſont pas aſſervis. C’eſt le ſublime de la nature dans ſes horreurs & ſes beautés.
Les captifs que perſonne n’adopte ſont bientôt condamnés à la mort. On y prépare les victimes par tout ce qui peut, ce ſemble leur faire regretter la vie. La meilleure chère, les traitemens & les noms les plus doux, rien ne leur eſt épargné. On leur abandonne même quelquefois des filles juſqu’au moment de leur arrêt. Eſt-ce commisération ou raffinement de barbarie ? Un héraut vient enfin dire au malheureux que le bûcher l’attend. Mon frère, prends patience, tu vas être brûdé. Mon frère, répond le priſonnier, c’eſt fort bien ; je te remercie.
Ces mots ſont reçus avec un applaudiſſement univerſel. Mais les femmes l’emportent dans la commune joie. Celle à qui le priſonnier eſt livré, invoque auſſi-tôt l’ombre d’un père, d’un époux, d’un fils, de l’être le plus cher qui lui reſte à venger. Approche, crie-t-elle à cette ombre, je te prépare un feſtin.