Page:Raynal - Histoire philosophique et politique des établissemens et du commerce des Européens dans les deux Indes, v8.djvu/85

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Viens boire à longs traits Le bouillon que je te deſtine. Ce guerrier va être mis dans la chaudière. On lui appliquera des haches ardentes ſur tout le corps. On lui enlèvera la chevelure. On boira dans ſon crâne. Tu ſeras vengée & ſatiſfaite.

Cette furie fond alors ſur le patient, qui eſt attaché à un poteau près d’un braſier ardent ; & frappant ou mutilant ſa victime, elle donne le ſignal de toutes les cruautés. Il n’eſt pas une femme, il n’eſt pas un enfant dans la peuplade que ce ſpectacle aſſemble, qui ne veuille avoir part à la mort, aux tourmens du malheureux captif. Les uns lui ſillonent la chair avec des tiſons ardens ; d’autres la tranchent en lambeaux ; d’autres lui arrachent les ongles ; d’autres lui coupent les doigts, les rôtiſſent, & les dévorent à ſes yeux. Rien n’arrête ſes bourreaux que la crainte de hâter ſa mort : ils s’étudient à prolonger ſon ſupplice durant des jours entiers, & quelquefois une ſemaine.

Au milieu de ces tourmens, le héros chante d’une manière barbare, mais héroïque, la gloire de ſes anciennes victoires ; il chante le plaiſir qu’il eut autrefois d’im-