Page:Raynal - Histoire philosophique et politique des établissemens et du commerce des Européens dans les deux Indes, v8.djvu/89

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Une réflexion ſe préſente. Si l’on conſidère la haine que les ſauvages ſe portent de horde à horde ; leur vie dure & diſetteuſes ; la continuité de leurs guerres ; leur peu de population ; les pièges ſans nombre que nous ne ceſſons de leur tendre, on ne pourra s’empêcher de prévoir, qu’avant qu’il ſe ſoit écoulé trois ſiècles, ils auront diſparu de la terre. Alors que penſeront nos deſcendans de cette eſpèce d’hommes, qui ne ſera plus que dans l’hiſtoire des voyageurs ? Les tems de l’homme ſauvage ne ſeront-ils pas pour la poſtérité, ce que ſont pour nous les tems fabuleux de l’antiquité ? Ne parlera-t-elle pas de lui, comme nous parlons des centaures & des lapithes ? Combien ne trouvera-t-on pas de contradictions dans leurs mœurs, dans leurs uſages ? Ceux de nos écrits qui auront échappé à l’oubli des tems, ne paſſeront-ils pas pour des romans ſemblables à celui que Platon nous a laiſſé ſur l’ancienne Atlantide ? Combien s’élèveront ſur les beaux ouvrages de notre ſiècle, de diſputes philoſophiques ? De même que nous inclinons aujourd’hui, malgré l’inſtabilité dont nous ſommes les témoins &