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FLAGEOLIN, gaiment.

Qui diable eût aperçu ma tante en ce lieu sombre ?

Quand on vient du grand jour, on ne voit pas à l’ombre ;

Et, d’ailleurs, en vacance il faut bien rire un peu !

Ouf ! j’ai faim, soif et chaud…

REBECCA, d’un ton aigre.
La soupe est près du feu.

Vos pareils ont souvent quelque chose qui cloche ;

Il en doit être ainsi quand on n’a pas de soin.

À midi j’ai sonné.

FLAGEOLIN.
Bon ! mais j’étais trop loin.

(À part) On aurait cru cent chats pendus après la cloche.

REBECCA, du même ton, que précédemment.

J’étais sûre pourtant de ne vous point avoir :

Les gens prompts au plaisir sont tardifs au devoir.

FLAGEOLIN.

Tan-tante, la raison avec la barbe pousse…

REBECCA.

En attendant cela, déjeûnez sous le pouce.


Scène IV

Les précédents, ZINGARINE.
ZINGARINE.. (Sa tête est enveloppée d’une résille nacarat pailletée, qui laisse apercevoir une magnifique chevelure, noir de jais. Sous les plis de sajmanle, recouvrant un corsage faufilé de clinquant azur et or, elle tient une mandoline. Hésitant sur l’entrée de la porte, elle cherche à familiariser sa vue avec l’intérieur du logis ; puis, dès qu’elle en distingue la configuration et les personnages, elle tire sa mandoline et chante en s’accompagnant.)