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ET LA RELIGION DU DANDYSME

étaient aussi un moyen de déraciner les préjugés, d’aiguiser la controverse et d’amener la pensée de ses interlocuteurs à sortir de son engourdissement. Il se délectait à faire dire de lui : Oh ! l’homme singulier ! Il avançait : Je veux faire frémir la nature et les amateurs de progrès. Hélas ! La nature ne frémit de rien. Pour le reste, il est évident que le spectacle changeant de la société que Baudelaire avait sous les yeux, que toutes ces crises gouvernementales, cette succession rapide d’événements contradictoires, ce jeu de bascule, ce flottement des idées et des caractères ne pouvaient que ramener au scepticisme. Cela renforçait sa conviction que toutes les agitations des hommes sont stériles et que la foi au progrès est une duperie.

L’homme, ivre d’une ombre qui passe,
Porte toujours le châtiment
D’avoir voulu changer de place.

§

Mais de tous les dangers de contagion auxquels fut alors exposé le génie des écrivains, le plus redoutable fut le caractère bâtard du régime. Ce caractère bâtard entache plus ou moins toutes les productions de l’époque et tend à stériliser les meilleurs dons. Il se reflète dans tous les arts. En architecture, le séminaire de St-Sulpice en offre le plus typique échantillon. Pour ce qui est de l’ameu-