Page:Raynaud - Baudelaire et la Religion du dandysme, 1918.djvu/43

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
41
ET LA RELIGION DU DANDYSME

dont il a reçu l’héritage ! C’est leur malaise, leur fièvre et leur cri révolté qu’il retrouve, dès qu’il sait lire, dans les vers de Lamartine, de Musset, d’Alfred de Vigny et qui feront de lui le nostalgique rêveur,

De qui l’unique soin était d’approfondir
Le secret douloureux qui le faisait languir.

Baudelaire peut dire comme Lamennais et l’élite de ses contemporains : « Mon âme est née avec une plaie. »

Sa profonde originalité, — enseigne Paul Verlaine, — c’est de représenter puissamment et essentiellement l’homme moderne tel que l’ont fait les raffinements d’une civilisation excessive, l’homme moderne avec ses sens aiguisés et vibrants, son esprit douloureusement subtil, son cerveau saturé de tabac, son sang brûlé d’alcool.

§

moderne, voilà l’une des caractéristiques du génie de Baudelaire. Il pense que toutes les époques ont leur beauté, parce qu’elles ont leurs passions particulières, et que la Beauté vient des passions. Balzac lui a enseigné que même le décor et le vêtement moderne ont leur valeur esthétique. On connaît le couplet sur l’habit noir, thème devenu banal sur lequel le somptueux poète Laurent Taillade, naguère encore, a brodé d’étincelantes varia-