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et la religion du dandysme

Casino Cadet, en connaissaient les habituées. Les plus célèbres étaient les lyonnaises Mariette et Anna Roux, les sœurs Delphine et Georgette, la grande Pauline et Sapho Montreveil. Tous s’étonnaient de la réserve de Baudelaire. Non seulement il affectait de se séparer de la bande lorsqu’elle entrait dans certains établissements où l’indécence est de rigueur ; mais dès que la conversation s’animait sur le chapitre des mœurs et versait dans la grossièreté, Baudelaire devenait d’une froideur glaciale. Les demoiselles, dont ces phalanstériens d’un nouveau genre se partageaient les faveurs, se piquaient peu de discrétion. Elles avouaient à qui voulait leurs faiblesses et leurs amants ; mais dès qu’on y mêlait le nom de Baudelaire, elles protestaient avec une vivacité qu’on eût pu prendre pour un sentiment de pudeur offensée, mais qui n’était que l’explosion brutale de la vérité pure : « Ah ! Celui-là ! Non ! Jamais ! »

Deux femmes comptent pourtant dans la vie du Poète : Jeanne Duval et Mme Sabatier.

Examinons si de cette double aventure ne ressort pas un double démenti aux allégations de Rops et de Nadar.

§

Mme Sabatier se présente à nos souvenirs nantie du prestige qui lui vient de la petite cour de