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Page:Raynaud - Baudelaire et la Religion du dandysme, 1918.djvu/59

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et la religion du dandysme

« Quelle comédie jouons-nous ? » Baudelaire continue à se dérober. Il bafouille : « Son amour, insinue-t-il, c’est le besoin de pleurer ensemble. »

« Tout ce que tu voudras », répond-elle. Il est pris. Il ne sait comment se dégager ; mais c’est trop de ridicule. Il faut en finir. Il se décide alors à cet aveu : « Vous savez bien que j’ai d’odieux préjugés à l’endroit des femmes, je n’ai pas la foi ! »

Mme Sabatier, obligée de se rendre à l’évidence, se résigne et pardonne en femme spirituelle. Elle ne retire même pas son amitié, satisfaite du beau rôle. Elle et lui continueront de se voir.

Ainsi l’aventure se termine par un procès-verbal de carence. Ici, Rops et Nadar ont raison. Reste Jeanne Duval. Voyons ce qu’il en fut.

§

Pour dresser l’image de Jeanne Duval, la Vénus noire, toujours même incohérence des documents. Les uns nous disent que « c’était une négresse, d’un noir d’encre ». Ernest Prarond nous parle d’une mulâtresse pas très noire, pas très belle, cheveux noirs peu crépus, poitrine assez plate, de taille assez grande, marchant mal[1]. Banville, au contraire, trace ce portrait :

  1. M. Théodore Durel nous mande à propos de Jeanne Duval.