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Page:Raynaud - Baudelaire et la Religion du dandysme, 1918.djvu/73

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Du mécréant saisit à plein poing les cheveux
Et dit, le secouant : « Tu connaîtras la règle ! »
(Car je suis ton bon ange, entends-tu ?) Je le veux !

Sache qu’il faut aimer, sans faire la grimace,
Le pauvre, le méchant, le tortu, l’hébété.
Pour que tu puisses faire à Jésus, quand il passe.
Un tapis triomphal avec ta charité.


Il est le Mane-Thecel-Phares qui s’inscrit aux murs du festin, et dresse dans un sursaut d’épouvante les convives gorgés et repus. Il est celui qui jette l’alarme et qui, au moment où nous allions nous endormir, sonne le tocsin.

§

C’est parce qu’il est resté prisonnier du Dogme que, parmi les générations nouvelles, beaucoup, dont la conscience s’est libérée, affectent de se détacher de Baudelaire, sans prendre garde qu’ils continuent à le respirer dans l’air, autour d’eux, tant l’essence de notre littérature, depuis cinquante ans, en demeure imprégnée.

Ceux qui habitent les cimes glacées de l’Athéisme et que n’impressionnent plus ni les fracas de la chaire ni les diableries, ni la mise en scène et les pompes liturgiques, n’oublient pas, pourtant, que Baudelaire a payé de son désastre, comme Pascal, le geste téméraire de secouer les portes de l’Ombre et s’émeuvent encore de ses aveux désespérés.

Baudelaire est si varié que les esprits les plus