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Page:Raynaud - Ch. Baudelaire, 1922.djvu/26

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CHAPITRE II


LA FAMILLE DE BAUDELAIRE


A. — Le Père.


Joseph-François Baudelaire, le père du poète, naquit le 8 juin 1759, à la Neuville-au-Pont, canton de Sainte-Menehould, département de la Marne, d’une famille de vieille souche champenoise. Il était fils unique. Il reçut une instruction complète, ce qui ne veut pas dire que ses parents aient eu de quoi fournir à la dépense. Ce n’était vraisemblablement que d’humbles paysans, vivant péniblement du travail de leurs mains. S’ils avaient eu le moindre bien à faire valoir, ils n’en auraient été que plus pressés de s’attacher leur fils, au lieu de le laisser s’expatrier. Ce n’est point dans la cervelle de paysans champenois, race entre toutes prudente et avisée, que pouvait germer spontanément l’idée de pousser un fils hors de sa condition pour le jeter aux aventures. Cela se voit de nos jours où toutes les carrières sont ouvertes à tous et où la médiocrité même, armée de parchemins, peut se flatter de l’espoir d’y réussir. Cela ne se voyait guère avant la Révolution où subsistaient des barrières infranchissables et où le mérite n’arrivait à se produire que par miracle, à coups de faveurs exceptionnelles. Il est prouvé d’ailleurs que Fr. Baudelaire n’eut jamais à