Page:Raynaud - La Mêlée symboliste, I, 1918.djvu/186

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de noix et les raisins mûrs… Les colporteurs vendent des mouchoirs écarlates et des bijoux de cuivre ; les vieilles femmes en marmottes étalent sous des parapluies rouges des tomates et des piments doux ; les lépreux se font traîner sur de petits chariots, et les enfants viennent les regarder dans l’ombre grouillante de vermine et de mouches. Quand le jour tombe, les alcarazas se balancent, tout embués, aux fenêtres, le ciel verdit, la paix descend, et les amoureux s’embrassent la bouche derrière les portes… »

Et encore :

« Sur la route qui va vers la fontaine, on se promène les jours d’orage après la pluie ; les cailloux brillent, les pas résonnent réguliers. On chante ; le doux patois aux syllabes rondes fait vibrer le sol, les maïs pliés se redressent au vent léger, et le cher pays souffle son haleine reposée. »

C’est dans une revue de jeunes que je cueille ces bluettes gracieuses, mais, comme on la félicite, Mlle  Moréno se défend d’être écrivain. — Un bas-bleu ! Fi donc ! — C’est par distraction qu’elle a laissé tomber de sa plume ces quelques lignes chaudement colorées ; elle prépare bien encore une traduction de quelques contes populaires écossais, mais c’est uniquement pour obliger ses